Bonjour à tous,
Tout d'abord désolé d'avoir mis tant de temps pour
faire cette première lettre d'information, mais il m'a d'abord
fallu expérimenter des traitements. Le sujet de cette première
News-letter va vous paraître probablement inutile ou sans
rapport avec l'actualité, mais pourtant il y a de fortes
chances pour que vous soyez concernés.
Les
vers intestinaux sont en effet très répandus chez
les poissons d'aquarium, surtout ces dernières années,
et maintenant que j'y prends garde, je me suis rendu-compte que
la moitié des poissons vendus dans le commerce et presqu'autant
dans les bourses aux poissons souffrent de vers instestinaux. Bien
souvent le problème est minime, les poissons pouvant vivrent
plusieurs années avec ces vers, mais alors tout le bac est
atteint et certains cas peuvent être plus graves.
Origine
des infections:
Il y a deux origines principales : l'ajout de nouveaux poissons
et la distribution de nourriture vivante infectée. Si pendant
de nombreuses années on pensait tout de suite à la
nourriture vivante, j'aurais maintenant tendance à penser
que la majorité des cas d'infection ont pour origine l'introduction
dans le bac de poissons atteints, d'une part parce que la nourriture
vivante est remplacée par la nourriture congelée et
lyophilisée, mais aussi parce que les poissons du commerce
en sont de plus en plus infestés.
Deux
types de cas :
On
distingue deux types d'infections : celle due au parasite Camallanus
Cotti et les parasitoses par d'autres vers.
Pourquoi isoler le Camallanus ? Tout simplement parce qu'il présente
des symptômes différents et se traite bien spécifiquement.
Et pourquoi regrouper tous les autres infections ? Parce qu'elles
se traitent de la même manière et sont difficilement
identifiables sans ouvrir le poisson.
Cette
première partie traite le Camallanus Cotti, la seconde partie
traitera tous les autres cas.
Le
Camallanus Cotti
C'est
le plus redoutable des vers des intestins, très résistant,
plus résistant que les poissons qu'il parasite, mais heureusement
sensible à un produit, son seul point faible.
Il
est très répandu dans les bourses aux poissons car
il parasite de préférence les vivipares et cichlidés,
poissons courants dans les bourses. On le trouve maintenant aussi
dans les poissons du commerce issus d'élevages et, chose
plus inquiètante, sur certains poissons sauvages.
Symptômes
:
Difficile
à identifier au début, le poisson a le ventre
un peu gonflé, une perte d'appétit et des excréments
blanchâtres et filamenteux.
Une
fois les vers bien développés, le poisson maigrit
et pâlit, et montre un anus distendu. Il a aussi tendance
à se dandiner sur place et ne plus se nourrir.
Heureusement, dans la plupart des cas, des vers rouges pendent
de l'anus, alors pas de doute, c'est bien de camallanus cotti
qu'il s'agit.
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Développement du Camallanus :
Ce
vers a un cycle très compliqué, passant par divers
stades de parasitoses.
Il
se nourrit du contenu des intestins des poissons qui s'amaigrissent
et s'affaiblissent. Camallanus cotti peut aussi atteindre le foie,
la vessie natatoire et d'autres organes proches des intestins, en
particulier les organes reproducteurs. Il peut aussi parfois boucher
les intestins, provoquant des éventrations.
Il
est ovipare, les oeufs sont lâchés depuis l'anus et
tombent dans l'aquarium. Les larves de Camallanus vont d'abord parasiter
divers hôtes intermédiaires, essentiellement des vers
de vases dans la nature, il semblerait qu'en aqaurium il puisse
parasiter des escargots.
L'hôte
final de ce parasite est malheureusement le poisson, dans lequel
il va passer le reste de sa vie. La manière dont il pénètre
dans le poisson est mal connue, il semblerait que ce soit grâce
à son hôte intermédiaire, les vers de vases.
Mais dans un aquarium où il n'y a aucun vers il semblerait
qu'il se mette en évidence pour se laisser avaler, j'ai déjà
pu observer ce phénomène.
Le
cycle total dure de un à deux mois, en sachant que les oeufs
peuvent mettre 3 semaines à éclore.
Il
semblerait que ces vers puissent se développer sans hôte
intermédiaire car ils se propagent même dans des bacs
totalement nus et dépourvus d'autres animaux que les poissons.
Certains
prétendent qu'il peut-être aussi vivipare.
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Au microscope optique x 40
Ci-dessus, C.cotti prélevé au fond d'un bac de
quarantaine
A gauche, C.cotti dépassant de l'anus d'un poisson mort
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Traitement
:
Ce
vers est résitant à l'extrême. Il est impossible
de l'enlever manuellement car il est solidement ancré dans
les tissus des poissons qui ne survivraient pas, et il est difficile
de le tuer par action médicamenteuse.
Il
est préconisé partout d'éliminer les poissons
atteints et de désinfecter le bac, opération lourde
et délicate car il est difficile d'être sûr qu'on
poisson est sain s'il est en présence de poissons malades.
J'ai essayé l'ajout de sel et de permanganate de potassium
à l'eau du bac, l'ajout de bleu de méthylène
ou encore d'ail à la nourriture, sans oublier les traitements
contre les autres vers, tout ceci à des doses tellement fortes
que j'ai dû finalement retirer les poissons pour leur éviter
la mort, et jamais une seule fois les camallanus n'ont montré
de signe de faiblesse, des vivipares fortements atteint sont même
morts suite aux fortes doses alors que les camallanus étaient
vivants.
Aussi étais-je désespéré car mes Poecilia
endlers, vivipares sauvages introuvables dans le commerce, étaient
très affaiblis et se reproduisaient très peu.
Mais au hasard de mes ballades sur le net j'ai trouvé plusieurs
fois le nom d'un médicament pour les pigeons qui, disaient-ils,
serait susceptible d'être efficace contre ces vers. Très
peu couteux, je n'ai pas hésité à essayer et
en une demi-journée le problème était réglé,
ou presque.
Le
produit en question s'appelle Aquaverm, il est disponible
en pharmacie, c'est un produit vétérinaire destiné
normalement à éliminer certains parasites des
intestins des pigeons d'ornement. Le flacon de 250mL, permettant
de traiter jusqu'à 3500L, ne coûte que 7.70 euros,
c'est donc un traitement peu onéreux.
La
substance qui tue ce vers est la lévamisole, présente
dans ce médicament à une concentration de 12.75g/L.
En
sachant que pour tuer ces vers sans nuir aux poissons il nous
faut entre 100 et 200 mg de lévamisole pour 100L d'eau
de l'aquarium, on peut calculer la quantité d'aquaverm
nécessaire : environ 7 à 16 mL d'Aquarverm pour
100L d'eau de l'aquarium.
J'ai
utilisé ce produit à un dosage d'environ 12
mL pour 100L, en une demi-journée les vers pendaient
de l'anus des poissons et en une semaine il n'en restait plus
un seul, ils s'étaient décrochés et se
trouvaient aplatis au fond de l'aquarium.
Il
semblerait donc que ce produit les déshydrate ou les
purges, car les vers morts sont vides et pâles, alors
que bien vivants ils sont rouges et bien rond.
Remarques
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Il est important de connaître le volume réel du bac,
car il diffère beaucoup du volume brut indiqué par le
fournisseur. Il faut en effet enlever à ce volume brut, ou
volume extérieur, le volume de verre utilisé pour le
bac, le volume du décor, du gravier, etc
Pour éviter tout surdosage enlever environ 1/3 au volume brut.
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Les poissons trop atteint, surtout ceux ayant d'autres organes touchés,
peuvent mourir, les vers morts se désagrégeant dans
leurs organes. De manière générale, toutes
les zones atteintes par les vers peuvent causer des problèmes
par la suite. Ainsi si le produit débarasse définitivement
des vers des intestins, il ne soigne pas les lésions irréversibles
provoquées par ces derniers.
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Le traitement doit être renouvelé plusieurs fois, au
moins une fois trois semaine après le premier traitement,
de manière à éliminer les vers issus des oeufs
en incubation lors du premier traitement, et donc non éliminés.
Ainsi
il est possible de venir à bout de ces redoutables parasites
plus répandus qu'on ne le croit, sans pour autant devoir
éliminer les poissons ou refaire tout le bac.
Dans
la prochaine News-letter, toutes les infos sur les autres vers des
intestins et les méthodes de lutte contre ces parasites.
A suivre ...
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